Conseils & astuces,  Tricot

Les grandes questions sur le design de patrons de tricot

Bonjour ! Aujourd’hui, je vous fais un article un peu particulier, puisqu’on va parler de design de patrons de tricot. Dans le questionnaire qui m’aide à savoir ce que vous aimeriez voir sur le blog, vous êtes plusieurs à vouloir en savoir plus sur ce sujet. Donc je vais essayer de répondre à vos questions. Et s’il y en a d’autres qui vous viennent en tête, posez les en commentaires ! Je tiens à préciser que tout ce qui est écrit dans cet article relève de mon expérience et de mon avis personnel. Je ne suis pas designeuse professionnelle, ni une spécialiste du droit.

1- Droits d’auteurs et modification de patrons

Parfois, on peut se dire que si on part d’un modèle déjà existant mais qu’on le modifie légèrement, on a créé un nouveau modèle. Evidemment, c’est un peu plus compliqué que ça…

Petit point sur les droits d’auteurs

Les modèles, qu’ils soient gratuits ou payants, en PDF, en page web, en vidéo…, sont tous soumis au droit d’auteur. Vous n’avez donc pas le droit de les partager sans autorisation, de vous les approprier, de les revendre… Ca peut paraître évident, mais il y a énormément de personnes qui se disent que si c’est sur internet, tout est permis. En général, en France, les droits d’auteurs sont valables jusqu’à 70 ans après le décès de l’auteur de l’œuvre.

C’est notamment pour ça qu’on ne doit pas partager des PDF (même gratuits !) sans autorisation sur des groupes Facebook, ou encore partager des traductions non officielles sans l’autorisation de l’auteur. Personnellement, si je mets une traduction d’un modèle ici sur le blog, c’est que j’ai eu l’autorisation écrite de l’auteur pour le faire. Et si un jour l’auteur souhaite, pour n’importe qu’elle raison, que je supprime la traduction, je le ferai sans poser de questions. C’est aussi une question de respect du travail des autres.

Si vous voulez en savoir plus sur les droits d’auteurs en lien avec le tricot, je vous conseille vivement cet article bien détaillé sur le site Triconautes. Je précise que je n’ai aucune compétence en droit, et s’il y a des spécialistes parmi vous, n’hésitez pas à me dire s’il y a des choses à changer dans cet article !

L’exemple de mon blog

Ici les modèles que je vous propose gratuitement sont disponibles sur le blog. Tout ce qui est ici (texte, images…) m’appartient. Vous avez évidemment le droit de partager le lien vers les pages pour accéder aux patrons. Mais vous n’avez pas le droit d’enregistrer les modèles en Word ou en PDF pour les partager ailleurs. Ca serait la même chose que si vous preniez en photo toutes les pages d’un roman pour les partager sur internet. C’est une copie illégale. Oui, même pour les patrons gratuits sur internet. Ca vaut aussi pour les photos qui sont également soumises au droit d’auteur, donc il faut toujours au moins mentionner l’auteur si vous en utilisez. Une chose qu’on oublie souvent avec les réseaux sociaux…

Pour la petite histoire, j’ai malheureusement déjà eu une mésaventure en lien avec le respect de mes droits d’auteurs. Une entreprise avait inclus un de mes modèles dans un kit de laine qu’elle vendait, et avait même utilisé mes photos pour vendre son kit ! Autant vous dire que j’était pas contente que quelqu’un gagne de l’argent en utilisant mon travail sans m’avoir jamais demandé une autorisation, et sans lien vers mon site… Heureusement, quelqu’un est tombé dessus par hasard et m’a prévenue. J’ai pu contacter la petite entreprise en question qui a retiré mes photos de son site de vente et bien indiqué clairement que le patron était de moi… Même s’il n’y avait sûrement aucune mauvaise intention derrière et que c’était de la maladresse, cette entreprise s’est approprié mon travail.

Je me suis sérieusement demandé après cela si j’allais continuer à proposer des patrons gratuits… C’est en tout cas pour ça que je ne proposerai pas de patron gratuit sous format PDF, car je sais que ça circule trop facilement… Pour les photos, j’ai décidé de continuer à ne pas mettre de watermark, mais ça ne veut pas dire que n’importe qui peut se les approprier sans me mentionner…

écharpe Poufsouffle tricot
Une de mes photos utilisée par une entreprise pour vendre un kit de laine sans même me mentionner…

Modifications ou nouveau patron ?

Comme écrit plus haut, toute création est protégée d’office par les droits d’auteur. Les manières d’écrire un modèle, de donner les explications, sont propres à l’auteur. Donc vous ne pouvez pas changer une ligne d’un modèle et faire un copier-coller de tout le reste en disant que c’est de vous. C’est du plagiat, tout simplement.

Par contre, si vous utilisez des techniques bien connues pour créer un tricot, et que vous les expliquez avec vos mots, sur des supports qui vous appartiennent, là c’est ok. Personne n’est propriétaire des mailles endroit ou des diminutions. Le tout c’est que l’idée de départ du patron vienne de vous, et que les explications soient écrites par vous aussi. C’est un peu comme pour la musique, on utilise tous les mêmes notes, mais on les assemble à notre manière. Les constructions de base sont très souvent similaires et c’est normal. Il peut même rarement arriver que deux personnes qui ne se connaissent pas imaginent un patron similaire. Il n’y a aucune mauvaise intension ou copie, juste une pure coïncidence.

Je pense que c’est un peu un stress pour les pour les designer de se dire « et si ce que je créée existe déjà et je ne suis pas au courant ? », ou « est-ce que mon patron est assez original ? ». Je vous invite à lire cet article intéressant de L’Univers d’une tricoteuse qui parle justement de ça.

C’est sûrement un des points qui font que j’ai un peu peur de vendre des patrons. En soit, je sais que je n’ai rien à me reprocher. Mes patrons sont issus de mes idées et de mes essais personnels (mes grilles Stitch Fiddle bordéliques pourraient en attester), et franchement je ne verrais pas l’intérêt de perdre du temps à recopier quelque chose qui existe déjà, autant mettre juste un lien. Mais imaginez si ce que j’ai fait ressemble trop à autre chose ? Je n’aime pas me prendre la tête, et honnêtement s’il y avait l’ombre d’un doute ou d’une réclamation sur un de mes patrons sur le blog, ma décision serait simplement de le supprimer, vu que je n’ai aucun enjeu financier.

2 – Comment imaginer un nouveau patron ?

En général, un nouveau modèle part d’une idée. Ca peut être une idée très précise (un bonnet ajusté en côtes 2/2, avec un rabat de 5cm et un haut arrondi avec des diminutions en étoiles…) ou une idée assez floue (je veux un bonnet à ma taille, peut être en côtes, ou alors un point fantaisie, je commence et je verrais bien…). Ca va dépendre des personnes, des envies… Certaines personnes commencent un peu au hasard en voyant ce qui se passe, d’autres partent avec un schéma bien précis.

Par exemple, pour le bonnet Mont Caly, j’avais une idée assez précise des textures que je voulais, et je m’étais fait un petit dessin. C’est finalement allé assez vite. Pour les mitaines Lilas, je savais que je voulais des mitaines en dentelle avec une ligne texturée au milieu et une bordure du haut en dents de chats. Par contre j’ai fait beaucoup d’essais avant de trouver un motif de dentelle qui me convenait. Pour le bandeau Epicéa, j’ai trouvé un point que j’aimais bien, et je l’ai utilisé pour un bandeau avec une bordure en point mousse.

Pour commencer, souvent on se base sur ce qu’on connait déjà avec l’expérience (le nombre de mailles à monter, la manière de faire les augmentations/diminutions…). Ce sont des choses assez classiques qu’on retrouve dans la plupart des modèles. Il n’y a (à ma connaissance) pas 300 manières de fermer un bonnet, ou de faire le pouce d’une mitaine. On choisit parmi des techniques déjà existantes et bien connues. Par exemple, pour les mitaines Lilas, j’ai fait plein de recherches sur les façons de tricoter le pouce, pour finalement opter pour.. la technique la plus simple etcle plus connue ! Par contre j’ai fait plein, vraiment plein d’essais pour le point de dentelle avant de trouver ce que je voulais. J’aurai de quoi faire 10 patrons avec tout ce que j’ai testé. C’est aussi ça le design : des idées et des tests qui n’amène à rien.

Ensuite, on ajuste en tricotant, en testant les points, les techniques, la taille… Il ne faut pas avoir peur de faire et défaire. Et surtout, il ne faut pas oublier de prendre des notes avant et pendant le tricot.

bonnet mont caly au tricot
Le bonnet Mont Caly

Pour encore plus d’informations sur la création de patrons, et surtout des informations qui ne sont pas que mon avis personnel, je vous invite à aller lire cet article très intéressant d’Apolonnie.

3 – Patron gratuit ou payant, quelle différence ?

Il n’y a absolument aucune différence entre les patrons gratuits et payants. La seule différence est que la personne qui fournit un patron gratuit est assez sympa pour mettre son travail à disposition gratuitement, de la manière qu’elle le souhaite. C’4’est du bénévolat. Du coup vous savez déjà que je suis une personne très sympa avec les patrons gratuits que vous trouverez ici 😘

En termes de qualité, de quantité de travail, de droits d’auteurs, c’est exactement la même chose. Il faut donc respecter autant les créateurs de patrons gratuit que ceux qui vendent leur patron.

Dans les faits, souvent avec les patrons payants, vous avez un fichier bien mis en page, un peu plus d’aide, un patron déjà testé, et un support du créateur. Mais ce n’est absolument pas obligatoire.

Un patron payant n’est pas forcément de meilleure qualité qu’un patron gratuit, mais simplement une juste rétribution pour le travail effectué. Il m’est déjà arrivé plusieurs fois d’être déçue par un patron payant très difficile à comprendre voire contenait des erreurs (même pour des créateurs très connus). Mais on fait avec, c’est comme ça. On ne peux pas deviner avant d’avoir acheté le patron. Par contre avec l’habitude, on sait à quels créateurs on peut faire confiance les yeux fermés !

Pourquoi mes patrons disponibles ici sur le blog sont gratuits ?

Principalement parce que pour l’instant, j’ai un peu la flemme de créer une entreprise et de gérer les aspects administratifs et financiers qui vont avec. Mais ça me tente de plus en plus, je dois l’admettre ! Donc peut-être que très bientôt vous pourrez acheter des versions PDF de mes patrons. Ca vous intéresserait ? Après, comme dit plus haut, j’ai un peu peur de certaines mésaventures qui pourraient arriver en devenant pro. Pour l’instant le tricot et le blog sont simplement des loisirs, et j’ai peur de perdre cet aspect en professionnalisant. Vous en pensez quoi ?

Pour l’instant, si vous voulez valoriser mon travail, vous pouvez tout simplement faire un peu de pub pour mon blog ou mes réseaux sociaux. Je n’y gagnerai rien financièrement, mais ça me fera vraiment plaisir !

Je tiens à préciser aussi que mes patrons gratuits ne sont disponibles qu’en une taille, et ne sont testés que par moi au moment où je les imagine. Ils contiennent donc sûrement des erreurs. Mes testeur.euse.s, c’est vous ! Je n’assure pas non plus un SAV, et je peux mettre longtemps à répondre aux messages (voir oublier). Il faut faire avec. J’ajouterai que si un jour je décide d’arrêter ou de les supprimer, il faudra l’accepter aussi.

Vous êtes aussi plusieurs à m’avoir dit que vous aimeriez des patrons de pulls. Clairement, je ne suis pas prête à me lancer dans ce gros travail de design, encore moins gratuitement. Mais j’essaie de vous mettre des idées de patrons de pulls de temps en temps dans la newsletter.

Le bandeau Epicéa : votre préféré parmi mes modèles !

4 – Les outils utiles pour créer des patrons de tricot

Je ne vais pas vous parler des évidences (des aiguilles et de la laine), mais plutôt des outils de supports que j’utilise pour imaginer des patrons de tricot.

Déjà, il faut de quoi noter. Ca peut-être le classique papier et crayon, ou encore le bloc note de votre téléphone. Moi en général c’est un mélange des brouillons ici sur le blog, du bloc note de mon téléphone, de mon application compte-rangs, et de bouts de papiers qui traînent.

Selon le design, vous aurez peut-être besoin d’un outil pour créer une grille de dentelle ou de jacquard. Encore un fois, le classique papier-crayon peu être parfait ! Sinon il y a la méthode du fichier Excel. Des sites faits juste pour ça existent comme StitchFiddle ou encore ChartMinder. Ce sont des sites très pratiques. Ils permettent de créer facilement des grilles selon l’échantillon de la laine, le nombre de mailles et rangs, et avec les points de base déjà pré-enregistrés.

5 – Peut-on devenir riche en vendant des patrons de tricot ?

Il ne faut jamais dire jamais ! Mais en réalité, c’est très peu probable. En général, les créateurs et créatrices de patrons de tricot le font en activité accessoire. C’est en plus de leur travail principal.

Encore une fois, je vous renvoie vers l’article de Triconautes. En fin d’article, Jeannelle nous propose un petit schéma qui montre ce que gagne réellement le designer après avoir enlevé toutes les charges. Allez voir et vous comprendrez qu’il faut vendre des milliers de patron pour avoir un revenu correct…

Il faut se rappeler que créer des patrons de tricot c’est beaucoup de travail et d’investissement. Il faut acheter la laine, passer des heures et des heures sur la création du tricot. Passer encore de nombreuses heures sur la rédaction et la mise en page. Parfois encore des semaines sur une phase de test. Puis investir beaucoup de temps dans la préparation de la sortie du patron et dans la promotion. Tout ça sans avoir aucune garantie que le patron plaira et en sachant que seulement quelques exemplaires seront vendus.

Et encore, je ne vous parle même pas de la charge administrative et financière de la gestion d’une entreprise, que je ne connais pas encore.

Donc en plus d’acheter les patrons de tricot créés par des petits créateurs, n’oubliez pas de les soutenir en leur faisant aussi un peu de pub !


En résumé

Désolée pour ce long article. J’espère qu’il aura pu répondre à certaines de vos questions sur le design de patrons de tricot, et qu’il vous inspirera peut-être à tenter l’expérience vous aussi !

Il y a des designeu.r.euse.s parmi vous ? N’hésitez pas à me dire si j’ai écrit des bêtises, ou à me faire votre retour d’expérience ! Surtout si vous êtes en auto-entreprise, ça m’intéresse.

En ce qui me concerne, en termes de création de patrons, je suis loin de m’arrêter ! J’en ai plusieurs sous le coude à vous proposer sur le blog. Et même une petite collaboration secrète en court… Je pense que le prochain nouveau patron que vous verrez ici sera disponible cet automne. On en reparle dans quelques mois !

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4 commentaires

  • Caroline

    Quel bon moment je viens de passer à la lecture de cet article!Dans le fond comme dans la forme.J’ai un défaut ou une qualité : la curiosité , en savoir toujours plus sur tout.Je suis une tricoteuse amateure.J’ai très souvent crée mes propres patrons avant l’essor des créatrices indépendantes et leurs gradations plus proches de ma morphologie que les patrons de magazines.
    Il m’arrive encore de « creer » des modèles , c’est le cas pour homme et jeunes adultes car difficile de trouver des créatrices qui font des pulls pour hommes, donc je m’y colle quand un des hommes de la famille dit » dis donc sympa ce pull , cette coupe, ou ce motif, je le verrais bien dans telle couleur….Je choisis la lane, je fais des échantillons de points et après je me lance direct , sur mes aiguilles, je prends des notes (pour la symetrie des manches ) et après je mets mes feullets sous plastique , mais je ne refais jamais le même ouvrage , c’est juste pour garder une trace de mes galères/satisfactions…
    Je suis très fidèle à « mes » créatrices tout simplement que leur mode de rédiger les patrons me convient .Je trouve qu’il est normal de payer un patron de pull ou de pièces qui requièrent plusieurs tailles.Ça revient moins cher d’acheter un patron à une créatrice qui est généralement bien détaillé que d’acheter un magazine tricot dont on fait un modèle qui nous pose souvent problème ( l’assistance technique ne sait souvent pas répondre à l’interrogation et ne peut pas modifier les explications!).

    • Maud

      Moi aussi je suis fidèle à certaines créatrices, comme tu le dis, quand on aime la manière dont c’est écrit, on est jamais déçue ! Pareil, j’ai plus de mal avec les magazines car souvent il n’y a qu’un ou deux patrons que je veux vraiment dedans.

  • Zab

    C’est très bien, très complet, je trouve! Tu sais, dans mon cas, ça a commencé par des patrons gratuits aussi.
    Et, pour confirmer ce que tu dis, c’est l’enseignement du tricot qui est ma principale source d’argent, pas les patrons. Les patrons me font une petite entrée supplémentaire, c’est tout. Mais je ne peux pas ne pas créer, c’est pour ça que je le fais.
    Beau travail Maude! Continue!

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